Ski de randonnée dans le grand nord canadien au Yukon

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Pour la promotion et le développement de la gamme randonnée / freerando UBAC, l'équipe de ZAG skis accompagnée d’ambassadeurs s'est envolée de l'autre côté de l'Atlantique afin de tester les différents modèles dans leur terrain de jeu le plus extrême : Le Yukon. 

_ Texte Léonard Pierrel. 

Changement de continent... et de températures ! 

Nous avons atterri la nuit du 7 au 8 Février, dans la capitale régionale : White Horse. Ici, ce qui saute aux yeux, c’est le froid... -27°C à l’ouverture des portes de l’aéroport. Chacun s’inquiète de savoir si sa doudoune fera l’affaire. Mais pas d’inquiétude, pour les deux semaines les températures seront comprises (seulement) entre 0 et -20°C.

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Claude Vallier

Ambassadeur ZAG (YukonBackCountry), c'est Claude qui nous accueil et sera notre guide pour le trip. En effet c’est lui qui a rédigé les tous premiers topos de ski de randonnée au Yukon avec la réalisation de pas mal de premières et ça, à la force de ses cuisses (et l’aide de ses Bakan). Chasseur de poudre dans l’Ouest Canadien depuis maintenant 10 ans, il en connaît chaque pente.

Après une journée à White Horse pour finaliser les derniers équipements, faire quelques courses, et découvrir les alentours de chez Claude, nous prenons la direction de Haines Jonction le 9 février, pour trouver notre cabane pour la semaine, la Stellar Hut. Pendant le voyage les yeux suivent l’horizon, les collines deviennent des montagnes, se multiplies à perte de vue et commencent à nous dévoiler leurs plus belles faces... On ne sait plus quoi regarder, les spines des grosses productions américaines, les couloirs rectilignes que certainement personne n’a jamais ridé, ou même au premier plan à la recherche d’animaux sauvages qui combles les histoires de Claude.

Ici tout est démesuré, la taille des chasse-neiges comme les distances... « C’est l’Amérique », le « Grand Nord ». Sur la route les montagnes défilent, toutes plus attirantes les unes que les autres, et chacun y va de son « Moi je veux ce couloir », « Tu as vu cette face ? » « On peut aller là-bas demain ? ». Dur retour à la réalité lorsque Claude nous explique qu’il faudrait au moins 1 à 2 h de motoneige simplement pour l’approche, qu’il faudra traverser des forêts sans chemins et des rivières sans ponts et que de toute façon, nous n’avons pas de motoneige...

Les randos commenceront donc directement depuis le bord de la seule route possible : Haines Road.

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9 février : installation à Stellar Hut

Après 250km sur une route gelée et quelques histoires de Claude, nous voici arrivés à notre cabane de trappeur. Mais au vu de la neige, il nous faut encore réaliser quelques allers-retours avec de grandes luges pour amener vivres et matériel. Ici le chauffage se fait au bois que l’on coupe soi-même dans une petite grange, l’eau sera de la neige bouillie, la lumière et la cuisson au gaz, et les toilettes sèches sont à 10m du chalet (envies nocturnes s’abstenir). Et pour les quelques appareils électroniques... on allumera un générateur quelques minutes si besoin.

Nous voilà donc installés et impatients de commencer à skier. On entend même les spatules vibrer d’excitation. Cette semaine se fera donc autour de Haines Pass... Malheureusement il n’a pas neigé depuis plus d’une semaine, mais si le temps se maintient nous aurons au moins la chance de voir l’étendue du territoire.

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10 février : Nadahini glacier (1500 d+)

Premier jour de ski. Tout le monde est excité et prêt à partir, mais Claude nous demande de patienter pour nous montrer l'itinéraire du jour. C’est en fait une diversion, car un pick-up s’approche avec dans sa remorque une motoneige. C’est un de ses amis qui vient skier avec nous, mais pour lui pas question de faire tout le plat en peaux, il va nous tracter jusqu’au milieu du glacier.

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Premier run au Yukon. Nous remontons une arrête pour trouver un couloir « pas comme chez nous » nous dit Claude. En effet, celui-ci est entouré de meringues de glaces formées par la neige et les vents, d’une 40aine de degrés, l’ambiance est au rendez-vous. Comme la neige qui est restée froide est à l’abri.

Arrivés en bas une chose est sûre : il faut absolument que l’on remonte !

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Cette fois notre cible est une face bien ouverte entre 35 et 40 degrés. Après avoir bien marné entre neige et glace, nous définissions rapidement notre descente en attendant qu’Alan prépare le drone. Bastien en profite pour s’écarter et se positionner sur une légère arrête dans le but de rider la face en rive gauche. Mais tout d’un coup, une plaque peu épaisse, mais d’une 20aine de mètre de large se déclenche à distance.

C’est notre premier jour, mais aussi notre première mise en garde. La première ville est à 150km, il n’y a pas de PGHM, et même pas de réseau... Il faut rester prudent et bien analyser les conditions. Chacun vérifie une nouvelle fois son DVA et sa poignée d’airbag, mieux vaut deux fois qu’une. Et après tests et mise en sécurité du reste de la pente chacun fait sa trace. Des cris de joie résonnent sur les pics qui nous entourent... Le trip commence de la meilleure des manières.

11 février : Nadahini face Sud (1100 d+)

Aujourd’hui, nous revenons autour de Nadahini pour en skier la face Sud, et cette fois pas de motoneige. Tout sera fait à la force des jambes, 12km pour 1100 D+. Certains râlent dans leur tour de cou, mais obnubilés par ces montagnes et leurs faces vierges le temps passe plus vite, et, arrivés au sommet tout est vite oublié ! Des montagnes à perte de vue, une neige moquette mais surtout une face vierge de 1000 D- de 35 degrés homogène, sans un arbre ni un rocher. Un petit paradis pour les Ubac 102.

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12 février : Twin Sisters (1000 d+)

Une nouvelle fois nous retrouvons Nadahini, mais pour les faces Est. Surnommées les Twin Sisters. Le départ se fait à nouveau depuis le bord de la route, mais dans les arcosses. 300m plus haut, nous voilà devant les Jumelles mais un long plat nous attend avant de les atteindre. Nous avons le temps de scruter la face dans toute sa grandeur et d’imaginer une fois encore notre descente. Malheureusement, arrivés au sommet les nuages nous prennent par surprise et nous obligent à redescendre en face sud, la plus sécuritaire.

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13 février : Forêt aux alentours de Haines Pass (650 d+)

Nous décidons de partir tôt car la météo annonce du mauvais pour la fin de journée, nous choisissons donc de partir explorer la forêt. Durant la route les faces semblables à celles des films de freeride défilent les unes après les autres derrière la vitre du pick-up. L’excitation et l’amertume se mélangent : on ne pourra sûrement pas les rider faute de temps... D’ailleurs en parlant de temps ? Où est le deuxième pick-up ? Il n’y a pourtant qu’une seule route !

Claude décide rapidement de faire demi-tour, et quelques kilomètres plus loin, on retrouve 3 types en train de s’agiter à la pelle pour sortir le 4x4 de la neige. Il y en a un qui s’est fait surprendre par la glace... Après avoir bataillé pour sortir le deuxième pick-up avec le premier nous voilà repartis avec le rappel que nous sommes au milieu de nulle part et qu'il y a très peu de passage sur cette route...

Les runs en forêt nous font bien vite oublier ce petit incident de parcours. Nous revoilà dans la poudreuse pour quelques virages avec des pilows bien canadiens et un profil joueurs.

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14 février : Sans Nom (800 d+)

Jusqu’à maintenant nous avons eu beaucoup de chance avec le temps et les températures. Mais aujourd’hui : du vent, beaucoup de vent ! Il est temps de se confronter au Grand Nord. Notre objectif sera juste une petite colline, mais arrivé en haut on ne doit pas être loin des 90 km/h de vent au vu de la gelure sur la joue de Fifi. Dans cette tempête on ne plie pas les peaux, on les enfourne littéralement dans le sac.

La descente reste un instant magique. Les nuages défilent à toute vitesse et filtrent la lumière du soleil, nous plongeant dans un paysage presque lunaire.

A la fin du run, certains veulent encore skier et demandent à partir en forêt cette fois, mais le reste du groupe utilise l’excuse du départ de demain - pour éviter de continuer à se geler les mains - et préfère que nous rentrions ranger la cabane et nos affaires.

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15 février : White Pass

Le chalet est vidé, les pick-up remplis, nous reprenons la route pour passer la frontière de l’Alaska jusqu’à Haines pour prendre le ferry. Haines pour tout freerideur, c’est la capitale mondiale du freeride où toutes les grosses productions viennent faire de l’héliski et où, anciennement, se déroulait une des étapes du FWT (Freeride World Tour).

En attendant le ferry, on se retrouve dans un ancien décor de tournage pour western réhabilité en ateliers d’artisanats. Mais nous sommes plus particulièrement intéressés par l’atelier de Fairweather, une petite marque de ski entièrement fabriquée à Haines par deux passionnés qui vont eux-mêmes planter et couper leurs arbres pour les noyaux... La Classe ! Bastien en profite pour parler technologie et fabrication pour améliorer toujours plus les skis et le ZeLab.

Le temps passe vite et il est déjà l’heure de prendre notre bateau. Celui-ci nous emmène à Skagway en Alaska, à une petite heure de navigation. Cette ville fait partie intégrante de l’histoire de la ruée vers l’or. C’est ici en 1897 que des milliers de pionniers ont débarqués en quête de richesse. Aujourd’hui en été toute l’économie est basée sur ce tourisme historique mais ne compte que 600 habitants l’hiver. Nous dormirons donc dans le seul hôtel ouvert à cette époque.

Chaque jour nous circulons une nouvelle fois sur la seule route existante pour repasser la frontière et skier au Canada. Les montagnes sont à l’abri du vent du pacifique et plus fourni en neige. Et en une 20aine de kilomètres, on perd en moyenne 10°C.

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16 février : Taiya face Sud (1300 d+)

Une approche sans fin II : le retour ! Près de 12km pour 1300d+ pour notre plus grand plaisir. Sur le chemin on croise un groupe de canadienne venues se balader en ski de rando, notre première rencontre de skieurs !

Arrivés au sommet, on divise le groupe en deux pour réaliser deux couloirs parallèles dans les meringues, le vent souffle, ambiance garantie. Ceux-ci s’ouvrent finalement sur une vaste face à 35 degrés. Avec Bastien nous décidons d’aller chercher un couloir plus pentu et plus serré repéré à la montée. Malheureusement pour nous, la neige est cartonnée, la clef c’est de ne pas appuyer ses virages, pas facile avec des 188 sous le pied dans une goulotte de 2m de large...

Nous finirons tard, mais en profitant du coucher de soleil rose pour revenir à la voiture. Magnifique !

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17 février (800 d+)

Jour blanc, du vent... Malgré l’envie de skier, le moral de l’équipe est en baisse. La neige est dure presque gelée, on ne voit pas le sommet, on devine un vent violent le long des crêtes... Pas grave, on se fera secouer à la descente et on ira se balader sur la plage... Toujours en doudoune of course !...

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18 février (500 d+)

Enfin ! Il neige !! Mais impossible de trouver un bon run avec ce temps. Alors après avoir bataillés une heure dans le jour blanc, on décide de rentrer. En prenant quand même le temps de faire quelques photos dans les accumulations à l’abris des arbres.

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19 février : Halcyon (800 d+)

Il est temps de rentrer à White Horse pour prendre l’avion, mais nous ne sommes pas encore rassasiés et il est impensable de partir sans rider la neige tombée hier. Le temps est encore gris alors nous nous aventurons dans une forêt. La chance est avec nous, car pendant l’ascension les nuages se dispersent nous offrant un temps radieux et une vue imprenable sur les montagnes des alentours et un lac gelé. En plus, il y a 20cm de poudreuse, de quoi finir de la plus belle des manières.

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Merci Canada. Merci Yukon. Merci Claude.

Yukon, il est certain que l’on se reverra, mais pour une plus longue période, une expédition avec un campement au milieu du Parc National de Kluane, où il existe encore des faces où aucun ski n’a été posé et où le temps semble s’arrêter.

Mais cette fois plutôt en mars – avril, quand la neige sera bien installée et la faune plus disposée à nous montrer sa diversité.

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